Foi chrétienne et médiumnité
Ces derniers temps, des contenus circulent sur les réseaux sociaux, où certaines personnes partagent leur témoignage d’une transformation radicale : des vidéos de femmes expliquant qu’elles ont quitté les pratiques dites « New Age » pour revenir à Dieu, ou encore des hommes affirmant être retournés à l’hétérosexualité grâce à Dieu. Ces récits m’ont amené des réflexions sur les jugements implicites qu’ils véhiculent.
Les confusions autour de la médiumnité
Comment naviguer entre les témoignages, la vision de l’autre, sa propre foi et des capacités que certains pourraient qualifier de « hors normes » ? Ces récits s’ajoutent à une confusion plus large autour des termes comme « médiumnité », « ésotérisme », « voyance » ou « occulte », qui sont parfois amalgamés dans ces discussions. Ces amalgames proviennent souvent d’une méconnaissance des pratiques ou d’une simplification excessive dans le langage courant. Pourtant, ces termes désignent des réalités et des approches bien distinctes.
- La médiumnité, par exemple, implique souvent une sensibilité aux énergies ou aux messages subtils, mais elle peut être vécue différemment selon les contextes : certains médiums se perçoivent comme des relais spirituels, d’autres comme des facilitateurs d’intuition
- L’ésotérisme est davantage lié à une quête de savoirs ou de pratiques cachées, souvent associées à des traditions spirituelles anciennes
- La voyance se concentre sur la capacité à percevoir des événements futurs ou des éléments du présent à travers des moyens variés, comme les cartes ou la clairvoyance intuitive
- L’occulte, quant à lui, est souvent associé à des pratiques mystérieuses, cachées pour regrouper des disciplines qui ne s’y rattachent pas forcément
Ces distinctions sont essentielles pour comprendre et clarifier les pratiques et leur intention. Mais qu’en est-il vraiment ? Comment se positionner face à ces concepts parfois mal compris ou jugés ? J’avais déjà exploré ce sujet dans l’article Magie, prière et manifestation : quelles différences ?. En prenant du recul, il devient possible de discerner ce qui, dans ces pratiques, nous rapproche de nos valeurs, de notre foi ou de notre quête de sens, d’une certaine éthique/morale également. Et peut-être que la clé réside davantage dans l’intention derrière chaque démarche, plutôt que dans les étiquettes qui y sont accolées.
Le point de vue de l’Église
À l’époque où ces textes bibliques ont été écrits, les pratiques divinatoires étaient souvent associées à des cultes païens, ce qui explique l’insistance sur la pureté du culte monothéiste. L’Église condamne notamment les pratiques de divination ou de contacts avec les morts, comme la voyance ou la médiumnité, sur la base de passages bibliques tels que Deutéronome 18:10-12.
10 Qu’on ne trouve chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, personne qui exerce le métier de devin, d’astrologue, d’augure, de magicien,
11 d’enchanteur, personne qui consulte ceux qui évoquent les esprits ou disent la bonne aventure, personne qui interroge les morts.
12 Car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Éternel ; et c’est à cause de ces abominations que l’Éternel, ton Dieu, va chasser ces nations devant toi.
Cette position est motivée par plusieurs considérations :
- La recherche de la protection spirituelle pour les individus : l’Église considère que certaines pratiques, telles que la médiumnité ou la divination, peuvent exposer les individus à des influences spirituelles nuisibles ou s’éloigner de la relation directe avec Dieu.
- La recherche de la priorité donnée à Dieu dans la foi chrétienne : dans la tradition chrétienne, le recours à des pratiques telles que la médiumnité peut être perçu comme un acte de défiance envers la providence divine. Cela reflète une recherche d’autonomie spirituelle qui, selon l’Église, pourrait détourner du chemin de confiance envers Dieu.
- La recherche d’une distinction théologique : l’Église fait la distinction entre les dons spirituels et des pratiques comme la médiumnité, considérées comme ne provenant pas nécessairement de l’Esprit Saint.
La médiumnité, une capacité naturelle ?
Pour beaucoup, le premier obstacle à l’acceptation de leur médiumnité est le regard des autres. Ce regard peut également peser sur les médiums qui doivent souvent faire face à des préjugés ou à des jugements sociaux sur leurs pratiques. Ce regard peut refléter des peurs, des incompréhensions ou des convictions religieuses fermes. Dans le cadre chrétien, la médiumnité est parfois perçue comme une pratique contraire à la foi, souvent associée à l’ésotérisme, à l’occulte ou au spiritisme. Ce jugement peut créer une grande souffrance chez ceux qui vivent cette capacité comme quelque chose qu’ils n’auraient pas recherché mais qui serait innée en eux.
La médiumnité peut se manifester de différentes manières : ressentir des énergies, percevoir des présences, recevoir des intuitions fortes ou encore être un canal pour des messages subtils. Certaines personnes la vivent comme un « don » inné, une sensibilité qui les a toujours accompagnées. Mais lorsque cette capacité se révèle dans le cadre d’une foi chrétienne, elle peut susciter des interrogations :
- Est-ce un « capacité » offerte par Dieu ?
- Est-ce un risque qui pourrait m’éloigner de Lui ?
- Comment vivre cette réalité tout en restant fidèle au message du Christ ?
Ce texte soulève des interrogations importantes pour ceux qui possèdent des capacités intuitives ou énergétiques. Une approche pourrait être d’explorer ces pratiques sous un angle aligné avec l’amour, la vérité et le respect et plutôt que de rejeter en bloc ces sensibilités, il peut s’agir de poser cette question : Quelle est l’intention derrière ma pratique ? Si elle est guidée par l’amour, le service aux autres et la foi, peut-elle trouver sa place dans une vie chrétienne ? J’avais écrit un article La médiumnité, une capacité profondément humaine qui pourrait apporter une nouvelle façon d’aborder cette capacité.
D’où viennent les « messages » ?
Lorsque je reçois un message, une image, un mot qui semble venir de l’énergie d’une personne qui n’est plus, est-ce la personne défunte qui m’envoie cette information ? Est-ce la mémoire énergétique de la personne qui demande le contact que je perçois intuitivement ? Est-ce le « bas-astral » qui chercherait à me « duper » ou m’amener à aller dans une toute-puissance ? Est-ce le défunt ? Est-ce de la télépathie ?
Je n’ai pas la réponse à ces questions mais je pars du principe que je fais confiance à ce guide intérieur et j’essaie de voir si l’information arrive de manière fluide, spontanée, sans que j’aie besoin d’y réfléchir. Dans la majeure partie des cas, cette information permet d’ouvrir un échange et de dénouer des chocs émotionnels imprimés dans la personne en souffrance qui vient me voir.
Parfois, cela peut être une information oubliée de la part de mon consultant, comme cette image d’un ananas tranché avec de la cannelle que j’avais reçue lors d’une séance médiumnique. La consultante ne savait pas à quoi elle correspondait et, quelques semaines plus tard, elle m’a envoyé la capture écran d’un sms reçu de son défunt lorsqu’il était vivant : il lui avait préparé une tranche d’ananas en dessert. Elle avait totalement oublié ce détail.
Reconnaitre la diversité des intentions
Certains médiums pratiquent avec l’intention sincère d’aider les autres et de faire le bien. Le dialogue pourrait ainsi se concentrer sur l’intention et l’éthique, plutôt que sur un jugement global pour ainsi aider à construire une vision plus nuancée et respectueuse des différentes approches, qu’elles soient religieuses ou non.
Plutôt que de condamner ou défendre la médiumnité, il peut être utile de se poser des questions ouvertes :
- Quels sont les fruits de cette pratique dans ma vie et celles des autres ?
- Est-ce que cela me rapproche ou m’éloigne de mes valeurs spirituelles ?
- Est-ce que je mets cette capacité au service de l’autre ou dans un but uniquement lucratif ?
Ces questions sont complexes et ne trouvent pas toujours de réponse car elles touchent à l’essence même de la foi et à la manière dont on perçoit son chemin spirituel. Elles peuvent également concerner les médiums non croyants, qui cherchent un sens ou une éthique personnelle dans leur pratique. Chacun vit cette expérience différemment et elle peut aussi être abordée sans dimension religieuse.
La peur du jugement
Les vidéos circulant sur les réseaux sociaux de personnes revenues à Dieu lorsqu’elles ont laissé tomber leurs pratiques « New-Age » ou lorsqu’elles ont changé d’orientation sexuelle renforcent parfois ces jugements implicites. Elle laissent entendre qu’une pratique spirituelle différente ou une orientation de vie personnelle peut être en opposition avec Dieu. Cela peut être très confusant pour ceux qui naviguent entre plusieurs dimensions de leur être, en cherchant à être fidèles à eux-mêmes et à leur foi.
Que veut Dieu pour nous ? Qui est-Il ? Est-ce qu’Il condamne ou Il comprend ? Est-ce qu’Il accepte/aime chacun comme Il est ?
Il peut être difficile de concilier ce que l’on ressent intuitivement comme une partie de soi et la peur de décevoir ou d’être jugé. Mais la foi n’est pas un acte de conformité aux attentes des autres, elle est avant tout une relation personnelle avec Dieu ou son Dieu intérieur. Pour ceux qui ne partagent pas une vision religieuse, cette réflexion peut se traduire par une recherche d’authenticité et de respect de soi, indépendamment des jugements extérieurs.
Il est également important de souligner que certaines personnes pratiquent la médiumnité sans s’inscrire dans une tradition religieuse. Leur pratique repose souvent sur des principes similaires d’amour, d’empathie et de bienveillance, mais dépourvus de toute dimension dogmatique. Cette pluralité de parcours met en évidence la richesse des expériences humaines, et chaque chemin est une expression unique de la quête de sens ou de spiritualité. Pour une réflexion plus approfondie, l’article Les différents types de médiumnité et le magnétisme peut vous apporter un éclairage intéressant.
Une réflexion sur le message du Christ
Je perçois le message du Christ comme universel et intemporel : l’amour, la compassion, le respect et la vérité. Ces valeurs universelles, comme l’empathie ou la recherche de vérité personnelle, peuvent également inspirer les médiums non chrétiens dans leur pratique. Si la médiumnité est pratiquée avec l’intention d’aider, de guider et de répandre la lumière, elle peut parfaitement s’intégrer à cette vision. Est-il mieux d’être croyant ou pas pour s’aimer et faire le bien autour de soi ?
Dans 1 Corinthiens 12, Paul parle des dons spirituels comme une richesse offerte par Dieu.
1 Pour ce qui concerne les dons spirituels, je ne veux pas, mes frères, que vous soyez dans l’ignorance.
2 Vous savez que, lorsque vous étiez païens, vous vous laissiez entraîner vers les idoles muettes, selon que vous y étiez conduits.
3 Je vous déclare donc que personne, s’il parle par l’Esprit de Dieu, ne dit : Jésus est anathème ; et personne ne peut dire : » Jésus est le Seigneur, » si ce n’est par l’Esprit-Saint .
4 Il y a pourtant diversité de dons, mais c’est le même Esprit ;
5 diversités de ministères, mais c’est le même Seigneur ;
6 diversités d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous.
7 A chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune.
8 En effet, à l’un est donnée par l’Esprit une parole de sagesse, à l’autre une parole de connaissance, selon le même Esprit ;
9 à un autre, la foi, par le même Esprit ; à un autre, le don des guérisons, par ce seul et même Esprit ;
10 à un autre, la puissance d’opérer des miracles ; à un autre la prophétie ; à un autre, le discernement des esprits ; à un autre la diversité des langues ; à un autre le don de les interpréter.
11 Mais c’est le seul et même Esprit qui produit tous ces dons, les distribuant à chacun en particulier, comme il lui plaît.
Parmi ces dons, Paul mentionne le discernement des esprits, qui peut s’apparenter à une forme de médiumnité dans sa dimension spirituelle. Ces « dons » ne sont pas donnés pour glorifier celui qui les possède, mais pour servir et élever les autres. Ces « dons » serainet une preuve non pas de notre prétendue puissance, mais de celle de Dieu, car c’est à travers nous qu’Il agirait dans la matière. Finalement, ce qui semblerait essentiel ne serait-il pas de surveiller notre humilité dans cette « capacité » à recevoir ou canaliser une énergie ? A accompagner l’autre dans sa souffrance ou son chemin intérieur ?
La clé de la paix en soi
Pour avancer dans cette réflexion, voici quelques pistes pratiques qui m’ont été « inspirées » avant d’entrer en séance avec mes consultants. Je vous les partage, sachant que vous êtes libre de les appliquer ou de vous en inspirer ou pas.
+ Ancrer sa pratique dans une intention personnelle ou spirituelle
Avant toute pratique médiumnique, vous pouvez commencer par une prière ou une introspection personnelle. Demandez à rester aligné(e) avec vos valeurs profondes, qu’elles soient religieuses ou non. Vous pouvez par exemple dire « Seigneur, montre-moi la voie juste et aide-moi à utiliser cette capacité pour servir dans Ton amour » OU « je m’engage à utiliser mes capacités avec intégrité et bienveillance, pour le plus grand bien de tous. »
+ Clarifier son intention
Clarifiez pourquoi vous pratiquez la médiumnité. Si votre intention est de faire le bien, d’éclairer ou de soulager les autres, cela peut être une manière de refléter l’amour divin ou une éthique personnelle forte.
+ S’autoriser à douter et explorer
Permettez-vous d’être dans le questionnement. La foi (ou la recherche de sens) est un chemin, et les réponses viennent souvent avec le temps, la réflexion et l’expérience.
+ Favoriser des dialogues ouverts
Cherchez si vous en avez besoin des communautés ou des individus qui partagent une vision ouverte des capacités spirituelles, qu’ils soient religieux ou non. Cela peut vous aider à vous sentir moins seul(e) et à enrichir votre réflexion.
+ Respecter ses limites et celles des autres
Si certaines personnes ne comprennent pas ou jugent votre sensibilité, posez des limites bienveillantes. Vous n’avez pas à tout expliquer ou justifier. Votre chemin spirituel ou personnel est intime.
Comment vivre au mieux sa foi et sa médiumnité ?
Vivre sa foi et sa médiumnité en harmonie, ou pratiquer la médiumnité sans foi religieuse, est un chemin personnel, fait de questionnements, de réflexions et d’explorations. Ce n’est pas toujours un chemin facile, mais il peut être une belle opportunité de se rapprocher de ses valeurs essentielles et d’être un canal de bienveillance dans le monde. Ces réflexions ne cherchent pas à imposer une vérité universelle, mais à ouvrir un espace de dialogue respectueux. Peu importe le chemin emprunté, avancer avec humilité, amour et sincérité reste une voie juste.
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